Chassé croisé entre passé et présent [PV Ruby & Avalon]

 

J’en avais plus qu’assez de ce monde, je ne me sentais vraiment à l’aise, en plus je trouvais que la tenue que je portais attirait un peu trop tous les regards vers moi. Je m’éloignais donc un peu, ma tête tournant un peu, voulant presque devenir invisible, ou toute petite. Dire que dans le temps, c’était les gens qui étaient invisibles pour moi, de simples ombres qui passaient et repassaient sans aucune importance.

Alors que je marchais, je ne sais trop dans quelle direction, tant que je pouvais m’éloigner de tout ce bruit, je fus attiré par une mélodie. Curieuse, je me dirigeais dans sa direction sans trop m’en rendre compte. Je fermais même un moment les yeux, comme bercé par celle-ci.

Je tombais alors sur une jeune femme, visiblement bien plus jeune, et qui devait être la chanteuse de tout à l’heure. Elle venait juste de finir sa musique et remarqua ta présence. Elle parla alors timidement, c’était presque attendrissant.

-Bonsoir. Désolée, j’ai été attirée par votre musique. Vous avez une voix si belle.


 

 

Je laissais parler la jeune femme, ne disant pas vraiment grand-chose. J'étais occupée à la contempler, la trouver magnifique, et dire qu'elle était mon exact opposé.
De long cheveux pâle, et un regard doux, sans oublié ce visage fin -Je la trouvais presque parfaite, ce qui m'énerve presque, bien que ce soit complètement stupide.
Je notais tout de même qu'elle se comparaît aux sirènes; elle disait que sa voix ensorcelait les gens, ce qui doit sûrement faire d'elle une hybride -ce à quoi elle confirmera plus tard-, mais malgré ce petit détail, je trouvais quand même qu'elle avait une voix magnifique, peu importe si elle est vraie ou pas, elle était bien présente.


« Pardonnez-moi de mon impolitesse. Quelle idiote je fais. Vous… Vous êtes au Bal vous aussi, n’est-ce pas ? Il est rare de voir cet endroit ouvert aux humains. Surtout avec ce qu’il s’est passé et ce qu’il se passe. Êtes-vous accompagnée d’un jeune homme charmant comme la plus grande partie des invités ce soir ? »

Je sortis alors de mes pensées, je lui fis un petit sourire puis je me frottais la tête comme gênée avant de répondre.

《 Non, pas vraiment. Je n'ai pas trouvé quelqu'un pour venir, mais j'avais vraiment envie. Doooonc je suis venue mais seule 》
Je finissais ma phrase par un léger rire forcé. Je ne vois pas à qui j'aurais pu demander. J'avais eu comme idée d'inviter Avalon, le seul problème, je n'ai pas son numéro, et inviter une personne un peu instable je ne crois pas que se soit trop recommandé. Comme je n'avais pas eu d'autre option je me suis retrouvée ici seule.

《Et, vous? Vous êtes venue avec quelqu'un ? 》
Demandais-je alors curieuse.

 

 

Alors que je m’apprêtais à dire mon nom, on m’interrompu soudainement, comme si, je n’avais pas été là. De plus cette voix était vraiment familière, mais je n’eus même pas le temps de voir qui avait parlé, que celle-ci passa devant, allant voir la jeune chanteuse. Je reconnue alors, ce que qui était vraiment facile juste en voyant ses cheveux couleur neige et ses yeux rose, reconnaissable entre tous, Avalon.
Il demanda quelque chose à la jeune femme, comme impatient, mais je remarquais aussi autre chose, quelque chose que je n’avais encore jamais vu chez lui. La peur.
Il tremblait, et je pouvais voir dans son regard cette émotion. Ils avaient l’air de ce connaître tous les deux, même très bien, puisqu’Avalon l’avait appelée par son prénom, enfin je suppose. Il avait aussi prononcé le nom « Mikage », je me rappel alors qu’il s’était fait appelé ainsi lors de notre première rencontre…
Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, et tout un tas de questions de bousculaient dans ma tête, en plus, je ne m’attendais pas du tout à le voir. Que fait-il ici ?

Je laissais échappé un long soupire, visiblement la situation entre les deux était tendu, peut-être que je pourrais intervenir, même si c’est un peu bête, au moins je ne resterais pas un simple meuble qui fait partit du décor.

« Eh ! Le chien, tu pourrais commencer par un bonjour déjà, non ? »

Fis-je d’un ton se voulant rempli de reproche.
Je me mis devant lui, et le fixais en fronçant les sourcils. J’ai quand même le droit à un petit bonjour ou pas moi ? Ce n’est pas grand-chose ! Non, je suis juste un meuble, invisible à ces yeux en ce moment on dirait. Si seulement j’avais ma foutue faux, je lui aurais bien mis un coup, ou deux.

« T’es toujours aussi mal poli à ce que je vois »

Rajoutais-je, légèrement agacée.


 

 

La jeune femme n’avait finalement l’air de ne pas connaitre Avalon, alors pourquoi lui il avait tant l’air de savoir qui elle était ? Ça se voyait dans son regard, il ne l’a quittait pas des yeux.
D’ailleurs, je fus presque blessée par son manque de réactivité quand je lui avais parlé, il n’y avait même pas attention, on dirait, et me poussa, pour que je me décale. Sur le coup, il m’avait serré l’épaule si forte qu’il m’avait fait mal.
Ne comprenait pas ce qu’il se passait, je regardais la scène qui se déroulai sous mes yeux à nouveau muette, me sentant comme un fantôme, quelque chose qui n'était pas à sa place. Je voulais m’enfuir, ne supportant pas vraiment ce genre de situation, mais quelque chose me disait de rester pour le moment, que ce n’était pas encore le moment de fuir devant tout ça.

Le jeune homme commençait à devenir menaçant, à chaque pas qu’il faisait. En le voyant ainsi, un frisson de terreur me secoua alors, je ne l’avais pas encore vu aussi effrayant. Il agrippa le poignet de la jeune chanteuse, et son regard n’était même plus celui d’un être humain, mais celui d’une bête.
Je compris qu’il fallait rapidement intervenir, sinon il risquait d’y avoir un bain de sang.

Je pris une grande inspiration pour chasser cette peur, puis je venais et tirais la joue d’Avalon, je la tirais aussi fort que possible, pour qu’il arrête un peu de la regarder comme ça, et qu’il regarde ailleurs juste pendant quelques secondes au monde.

« Hep le loup, on se calme ! Je te rappel où on est peut-être ? Et ça ne se fait pas d’attraper ainsi le poignet d’une jeune femme »

Je me mis à tirer ses deux joues en grommelant.

« Aucun savoir vivre, tu ne mérites même pas d’avoir eu cette invitation chien galeux ! »

J’essayais faire ne quelque sorte diversion, pour qu'Aurora, d’après ce que j’avais compris tout à l’heure, elle s’appelait bien comme ça et non Ange, puisse peut-être arriver à se dégager de l’autre, qui visiblement sombrait un peu plus dans la folie des génocides.


 

 

Finalement Avalon semblait s’être calmé, c’est peut-être mon imagination qui me fait des tours, mais c’était justement au moment où je lui avais tiré les joues pour qu’il se reprenne un peu, mais aussi pour détourner son attention de l’autre fille. Ce changement de comportement de sa part me fis sourire, enfin redevenu lui-même, je préférais nettement ça. Tout à l’heure j’avais surtout eu l’impression de voir une bête enragé, pas le vrai Avalon.

Après que je lui ai parlé de l’invitation, il dit qu’il s’était incrusté. Je levais les yeux au ciel en soupirant, alors celui-là, il changera jamais pour ça, mais quelque part, ça m’amusait aussi. Il ne respecte décidément rien.

Aurora prit la parole, bien qu’elle l’ait déjà fait un peu plus tôt - mais je n’avais pas vraiment fait attention à ce qu’elle disait-, cette fois-ci j’écoutais avec attention, mais ne comprenais pas vraiment grand-chose malheureusement. Elle finissait sa phrase, disant qu’il devait refaire sa vie avec « elle » puis elle me désigna d’un signe de tête.
Je penchais la tête légèrement sur le côté, ayant presque l’impression d’avoir loupé quelque chose. Je remarquais qu’Avalon me fixait depuis peut-être une bonne minuté déjà, puis il prit la parole.

« Ruby... Je... »

Il se racla la gore. Visiblement il avait beaucoup de mal à ma dire quelque chose, je me demande bien quoi…

Il reprit finalement, mais d’une voix assez faible :

« Depuis un petit moment... Ça me tracasse... Je... C'est difficile à avouer... »

Il fit une courte pause. Qu’est-ce qui pouvait être si dur à avouer pour lui ?

« Je t'aime... Et... Je suis bien placé pour savoir à quel point la vie est courte alors... Je ne veux pas passer la moitié de ma vie à réfléchir... t l'autre moitié à regretter... Je... Je voudrais... Passer ma vie avec toi... »

Oh… Je comprends mieux maintenant. Je détournais le regard un instant, ne m’attendant pas vraiment à ça, je restais alors silencieuse une longue minute, réfléchissant.
Je me mis finalement à soupirer, puis je regardais Avalon avec un petit sourire et je croisais les bras.

« Alors en résumé, le grand méchant loup demande à passer le restant de sa vie avec le petit chaperon rouge ? Huuum… J’accepte ta proposition, mais ne crois pas que tu auras la vie facile avec moi »

Je me mis à ricaner avant de continuer :

« Dès que tu commenceras à faire chier, un coup de pied au cul et à la niche ! Nyehehe ! »

Je pris un regard plus doux, puis je m’approchais de lui et lui frottais les cheveux en me mettant sur la pointe des pieds, j’avais presque oublié qu’il était bien plus grand que moi ce qui n’arrangeait pas vraiment les choses.

« Bon, plus sérieusement je suppose que tu veux une réponse claire »

Je descendais mes mains et les mis sur ses joues, et toujours sur la pointe des pieds je venais tendrement l’embrasser sur ses lèvres. J’avais oublié qu’Aurora pouvait nous regarder, enfin peu importe, sur le moment je m’enfichais un peu de ce qu’elle pouvait penser ou pas.

« J’espère que ma réponse te satisfais »


 

 

Au moment où j’avais embrassé Avalon, je remarquais que, celui-ci semblait d’abord surpris, puis perdu. La dernière émotion qui passait sur son visage, me fit un peu plus chaud au cœur. Il semblait heureux. Tellement heureux, qu’il fit apparaitre, sûrement sans vraiment faire attention, sa queue et ses oreilles de loup.
En voyant ça, je ne pus retenir un petit rire. C’était tellement adorable. J’avais presque envie de caresser ses oreilles, elles semblaient si douce.

Juste avant de prendre la parole, Avalon soupira puis se frotta la tête, comme gêné.
« Juste pour qu'on soit bien clair... Dans le langage humain, "vouloir passer sa vie avec quelqu'un" est synonyme de demande en mariage. »

Je me mis à comprendre l’importance de ces paroles précédentes.
Me marier avec Avalon, peut-être avoir des enfants et rester avec lui jusqu’à la fin de mes jours ? Wow, c’était plutôt inattendu à vrai dire…  M’imaginer vivre une vie dite « paisible et joyeuse » avec quelqu’un, c’était la dernière des choses à laquelle j’avais pensé dernièrement. Moi, tous ce qui m’importait était surtout mon train train quotidien, parfois mettre un peu de piment dans ma vie, et puis c’est tout.
J’avais évité de m’attacher autant à des personnes depuis… Depuis la fois où j’avais perdu mon père adoptif. Je m’étais rendue compte au dernier qu’il comptait pour moi, puis à la seconde d’après, il n’était déjà plus là. Je me rappel cette douleur, celle quand on perd quelqu’un qu’on aime.
Rester avec Avalon, c’était accepter le fait de pouvoir le voir lui aussi partir.

Le rire d’Avalon me ramena à la réalité.

« Tu viens d'accepter... De te marier avec moi, tu es au courant de ça ? »

Je dévisageais Avalon plusieurs secondes, puis je lui souris bêtement.

« On dirait bien que oui »

Par contre, je me posais une question. Avalon, n’était-il pas hybride ? Et en conséquent il vivait plus longtemps que moi. Je secouais la tête, non, je ne devais pas penser à ça.
Je regardais alors autour de moi, et remarquais qu’il n’y avait plus la fille de tout à l’heure, elle avait dû partir au moment où j’avais embrassé Avalon, ou peu après, mais elle était bel et bien parti.

« Je me demande où est passée l’autre fille… »


 

 

Je me mis à soupirer, avant d’afficher un léger sourire.
Effectivement, ça pouvait se comprendre qu’elle ne veille pas rester, voir deux personnes en train de roucouler, n’était pas la chose la plus intéressante et la moins gênante au monde. Peu importe, ce n’est pas ça qui gâchera ce moment, au contraire. J’avais enfin Avalon seulement pour moi, loin du regard des autres, et cette idée ne me déplaisait pas de trop. En tout cas, je devrais peut-être éviter d’être possessive et faire attention à ça.
Mais, en même temps, je n’ai jamais vraiment ressenti le fait de tenir à quelqu’un. Alala, je vais devoir m’habituer à ça, ça ne va pas être si simple, moi qui suis si solitaire en temps normal.
D’ailleurs, depuis quand ai-je voulu cette solitude, plutôt que la compagnie humaine ? C’est difficile à dire. Depuis toujours j’ai été seule j’ai l’impression. J’ai aussi cette sensation affreuse, de solitude, de froid, de manque qui remonte doucement à la surface… Pourquoi déjà ? D’où ça peut venir ça ?

J’entendis alors la musique –ce qui me sortit de mes pensées-, qui jusque-là était plutôt festive, devenait plus douce, plus calme. Mon sourire s’agrandissait un peu, plus puisqu’une autre idée venait de me traverser.

« Sinon, tu comptes rester planté là où on va profiter de la fête ? Je n’ai même pas encore eu le droit à une petite dance avec quelqu’un.» Laçais-je d’un ton assez joyeux, espérant qu’il comprenne où je voulais en venir.


 

 

Je fus déçu quand il refusa ma proposition de danser, mais je n’en laissai rien paraître. Encore moins, quand il parla de sa « partenaire ». Je ravalais ma jalousie,tout simplement. Ce n’était ni le lieu, ni le moment pour ça.
Ce que je n’avais pas vraiment apprécié en revanche, c’était quand il avait détourné le regard au moment de parler, mais bon, je restais simplement neutre.

Je souris quand même quand il me frotta la tête. D’ailleurs par réflexe, je posais mes mains là où il m'avait frotter la tête, en gonflant une joue, un peu comme une enfant. Il reprit peu après la parole, disant qu’il était désolé de m’abandonner.

Avant de lui répondre, je soupirais, et dit, toujours accompagné d’un sourire, bien qu’un peu forcé :
« Ce n’est pas grave, vas-y. Je comprends. »
J’haussais alors les épaules
« De toute façon j’avais prévue de rentrer dans moins d’une heure, la musique et la foule qu’il y a ce soir, me donne mal au crâne »